Et si la culture se vivait plus naturellement? Si nous acceptions que la culture du mardi soir est tout aussi nécessaire que celle des grands évènements? Que toutes deux répondent à des besoins différents tout simplement?
En tant que médiatrices et médiateurs d’éléments de culture, notre objectif est bien sûr d’amener nos élèves à aller au-delà de ce qu’ils connaissent aujourd’hui pour qu’ils comprennent le monde qui les entoure. Ce ne sera toutefois pas possible sans que nous reconnaissions leur bagage culturel immédiat. Nous devons leur montrer que nous les reconnaissons tels qu’ils sont maintenant et qu’à leur tour, ils peuvent se reconnaître dans la culture que nous leur présentons.
Afin de rendre les élèves à l’aise dans l’univers culturel, mettons-les d’abord en contact avec des œuvres bonbons, des éléments de culture juste assez proches de ce qu’ils consomment dans leur vie personnelle pour les attirer, mais présentant tout de même un élément d’apprentissage qui justifie leur présence en classe. Évidemment, ce qui est considéré comme de la culture bonbon varie grandement selon les élèves. Par exemple, dans un cours de français de deuxième secondaire où les élèves sont majoritairement allophones, il pourrait être tout à fait à propos de présenter un épisode d’une série pour adolescents de Télé-Québec. Passer par une forme d’art que les élèves connaissent permet d’aborder des sujets qui leur sont peu familiers (comme les relations familiales au Québec ou le français oral québécois) sans que la tâche paraisse trop ardue. Cependant, le même épisode n’aurait sans doute aucune valeur éducative dans une classe d’élèves dont le français est la langue maternelle.
Une fois les élèves rassurés avec une œuvre bonbon, nous pourrons les accompagner dans la découverte d’œuvres plus éloignées de ce qu’ils connaissent. Nous passerons alors du bonbon à la vitamine. Par exemple, les jeunes qui se seront familiarisés avec la culture québécoise grâce à une série télé seront maintenant prêts à discuter d’éléments de cette culture présentés sous une forme plus complexe, soit dans un roman à lire dans le cours de français.
Et si nous faisions la même chose pour nous-mêmes? Accompagnons-nous aussi de ce que nous connaissons pour aller vers ce qui est plus exigeant, à notre rythme, selon notre disponibilité du moment.
Comment distinguer le bonbon de la vitamine?
Les bonbons | Les vitamines |
Le repère culturel présente surtout des aspects familiers (lieux, temps, personnages, valeurs, etc.). Ex. : Regarder cette vidéo du danseur de krump Seven Starr. | Le contenu du repère culturel présente plusieurs aspects peu familiers (lieux, temps, personnages, valeurs, etc.). Ex. : Apprécier les œuvres d’Albrecht Dürer, de George Romney et de George Segal présentées sous le thème du corps sur le site du Musée des beaux-arts de Montréal. |
La forme du repère culturel est facile à comprendre ou familière (art visuel figuratif, texte racontant une histoire avec un vocabulaire simple, etc.). Ex. : Regarder Peigner le feu. | La forme du repère culturel est plus complexe et exige des connaissances sur le genre ou une certaine expérience de celui-ci pour être appréciée (art conceptuel, texte littéraire comportant beaucoup d’inférences, etc.). Ex. : Lire Peigner le feu. |
Le repère culturel est facile à trouver (gratuit, fréquent, près de nous, etc.). Ex. : Visiter la plateforme d’éducation Studio Riopelle. | Le repère culturel est accessible seulement au prix d’un effort (dans un musée, une librairie spécialisée, une salle de spectacle, etc.). Ex. : Aller voir Le projet Riopelle. |