La littérature est une efficace machine à voyager, nettement plus rapide qu’un avion supersonique. En quelques secondes, elle permet au lecteur de visiter, à l’intérieur de lui, des endroits étranges, souvent fascinants, qu’il s’agisse de New York ou de Gaspé. Qu’elle soit québécoise ou étrangère, la littérature explore avec sensibilité le monde d’autrefois et d’aujourd’hui, et a souvent une longueur d’avance sur ce qu’il sera. Par ses lectures, l’élève est interpellé sans cesse par ce qui a été, ce qui est et les différentes hypothèses formulées pour circonscrire son futur. De ce fait, il pourra être passionnant pour lui de concevoir un répertoire commenté de lieux à la fois réels et littéraires afin de mieux cerner les enjeux sociaux qui y sont associés, de confronter sa vision, ses valeurs, ses racines et sa connaissance de sa langue et du monde avec celles des autres.
Afin de lui faire saisir l’apport culturel du livre dans sa connaissance du monde, l’enseignante ou l’enseignant amène d’abord l’élève à réfléchir sur la provenance d’au moins deux œuvres qu’il a lues et dont les intrigues se situent à différents endroits sur le globe (par exemple, du Chili, Une ardente patience d’Antonio Skarmeta ou, de l’île du Pacifique, Mister Pip de Lloyd Jones). À l’aide d’une application comme Google Earth, il situe géographiquement ces endroits en ajoutant des repères sur ce globe virtuel.
Par la suite, en équipes, les jeunes sont invités à dresser un itinéraire des pays, des villes et des endroits qu’ils aimeraient visiter, puisqu’ils ont pris conscience que le lieu géographique où se situe l’action influence les interactions entre les personnages, leur façon de communiquer entre eux, donc le déroulement de l’histoire tout entière. Ils complètent les fiches signalétiques de chacun des repères qu’ils ont créés, puis chaque élève précise son investigation pour mieux connaître les mœurs et coutumes de ces lieux[1].
Les élèves discutent maintenant en classe de leurs découvertes relatives aux repères culturels d’ordre historique, géographique ou politique du lieu virtuellement visité. Cet échange fera ressortir divers paramètres, comme le débit, les formules de contact et le niveau de langue adaptés à la situation. Ayant recours à un support visuel, par exemple leurs fiches dans Google Earth, ils établissent oralement des convergences et des divergences entre leurs recherches et les descriptions romanesques. De plus, ils peuvent exercer leur jugement critique à partir de critères d’appréciation comme la crédibilité des informations ou l’originalité du traitement du sujet. L’enseignante ou l’enseignant propose de colliger le tout dans un répertoire personnalisé comme Babelio.
Enfin, à partir du répertoire conçu, il serait intéressant que chacune ou chacun élabore un récit de voyage similaire aux Carnets de voyage de Che Guevara ou à Une histoire à quatre voix d’Anthony Browne, pour laquelle les membres de l’équipe relateront une même anecdote de voyage, mais à partir de perspectives différentes. Au terme de l’activité, les élèves auront de nouveaux repères culturels issus d’un peu partout sur le globe.