Contexte
De nombreux chercheurs et inventeurs ont marqué le paysage scientifique et technologique québécois par leurs découvertes et leurs innovations. En raison de leurs accomplissements, ils habitent la mémoire collective du Québec et deviennent des modèles, des héros. Cela se traduit, entre autres, par leur capacité à transmettre leur savoir-faire et leur passion tant par leurs actes que par leurs paroles. En effet, c’est en vulgarisant de manière efficace leur science et leur savoir que ces héros parviennent à rejoindre les gens et à façonner l’avenir de notre société par leurs réalisations.
Il est intéressant de considérer le rôle de la communication dans la résistance de certaines inventions à l’usure du temps. Si Louis Garneau n’avait pas fait connaître ses vêtements de vélo, serait-il aussi populaire aujourd’hui? Si les « fondateurs » de Softimage ou d’Ubisoft n’avaient pas mis en marché leurs procédés de traitement d’images 3D (logiciels), pourrait-on de nos jours reproduire en trois dimensions des mouvements complexes à partir d’un modèle ou des images virtuelles animant les personnages de jeux vidéo? Si les frères Wright avaient volé sans faire appel aux images pour faire connaître leurs exploits et divulguer leurs prouesses aéronautiques, serions-nous à même aujourd’hui de voyager par la voie des airs?
Peu importe le domaine d’activité humaine, il est évident que la compétence transversale Communiquer de façon appropriée contribue à pérenniser bon nombre de réalisations. C’est en ce sens que l’on peut dire que science, technologie et communication linguistique se conjuguent pour inscrire dans la durée les inventions de nos héros technoscientifiques.
Contribution et interaction des disciplines
En français, langue seconde, le développement de la compétence transversale Communiquer de façon appropriée s’effectue en deux temps. D’abord, l’élève est amené à lire soit des textes variés, soit des textes littéraires courants ou spécialisés au sujet des inventeurs de son choix. La lecture favorise la découverte et une connaissance plus approfondie de héros ayant le statut de concepteurs ou d’inventeurs.
Ensuite, l’élève est encouragé à se documenter et à transmettre les informations recueillies à la classe en utilisant le texte procédural[1]. À cette étape, il est utile d’offrir la possibilité à l’élève de se familiariser avec des réalisations langagières propres à ce type de texte comme les recettes de cuisine, les itinéraires de voyage ou encore les instructions de montage de pièces ou d’objets divers. Cette pratique de lecture axée sur l’étude de la structure même de la procédure permet à l’élève à porter attention à la démarche scientifique, aux procédés techniques, à leurs modalités et à leur ordre d’application.
Dans la classe de science et technologie, la compréhension de la structure des textes procéduraux peut être mise à profit lors de l’élaboration ou de la lecture :
– d’une gamme de fabrication;
– d’un cahier des charges;
– d’un rapport technique associé à une application.
Toujours en science et technologie, les informations recueillies au sujet d’une application marquante ou de son inventeur peuvent conduire à deux types de productions, selon l’application étudiée en classe de français, langue seconde, soit :
– l’analyse technologique de cette réalisation;
– la conception, en tout ou en partie, d’une innovation pouvant être effectuée au regard de cette application.
La conception d’un objet en science et technologie est une tâche complexe qui repose sur l’identification d’un besoin. Autrement dit, la représentation du problème technologique tenant compte des diverses contraintes énoncées dans un cahier des charges, la recherche de solutions, le choix des matériaux et la schématisation à l’aide du dessin technique pavent la voie de la fabrication du prototype.
Pour y parvenir, l’élève doit situer l’objet dans son contexte social et historique et évaluer certaines de ses retombées sur la société ou l’environnement. Il doit également soulever des enjeux éthiques, s’il y a lieu. Il peut démonter l’objet, en tout ou en partie, afin de comprendre son fonctionnement et s’intéresser aux choix faits lors de sa fabrication. Cette compétence gagne à se développer en interaction avec la compétence Communiquer à l’aide des langages utilisés en science et technologie.
Lors d’une présentation orale ou écrite, l’élève explique à ses pairs les principes qui régissent le fonctionnement de l’application ou traite de la pertinence de la solution à l’égard du besoin auquel elle répond. Dans le cas d’une conception, il explique en quoi sa solution respecte les exigences du cahier des charges. Il utilise le cahier des charges ou un rapport technique pour communiquer l’information relative à la conception ou à la fabrication de l’objet.
De retour en français, langue seconde, l’élève mobilise la compétence Interagir à l’oral dans le but d’assurer une présentation efficace de son prototype, ce qui exige de communiquer en français oralement de manière appropriée. Il s’agit d’une étape importante menant vers la mise en valeur et la vulgarisation de son invention, dont dépend sa reconnaissance. Dans ce cas, l’élève doit :
- Identifier l’intention de communication qui consiste à informer et à convaincre le public de l’utilité de son invention.
- Adapter son texte aux destinataires.
- Respecter les étapes de production d’un texte de procédure lors de la présentation (résultats et étapes).
- Présenter, de façon sommaire et claire, les étapes de fabrication de l’application.
- Insister sur les arguments qui fondent la pertinence de l’invention.
- Porter attention à certains éléments paralinguistiques (vêtement, posture, regard, etc.).
Intégration des apprentissages culturels
Cette situation interdisciplinaire permet à nos scientifiques et technologues en herbe de faire des transferts importants entre les disciplines linguistique et technoscientifique. Elle contribue aussi à défaire le mythe de « l’inventeur reclus » qui ne sait pas communiquer le fruit de ses réalisations. Cette expérience encourage notamment l’effort et le travail bien fait en démontrant à l’élève que la conception ou l’invention est rarement le fruit d’un acte spontané, mais bien le résultat d’une réflexion mûrie, d’un travail continu qui prend en compte le contexte social, environnemental et historique.
[1] L’organisation du texte procédural ou texte de procédure comprend le résultat attendu, suivi des opérations à effectuer dans l’ordre. Souvent, le modèle est fourni par une illustration, une photo ou un graphique.